La place de l’intuition dans le recrutement
WeSuggest publie une étude consacrée à l’intuition dans le recrutement.
Réalisée auprès de 311 décideurs RH, elle s’intéresse à la place de l’intuition en recrutement, à l’impact des biais cognitifs lors des entretiens, ainsi qu’à la prise de conscience des recruteurs à ce sujet.
Elle montre notamment que l’intuition occupe toujours une place importante pour évaluer et sélectionner les candidats. Cette étude soulève différentes questions. Pourquoi l’intuition occupe-t-elle toujours une place prépondérante pour évaluer les candidats ? Existe-t-il un mythe autour de l’intuition ? Quel est le niveau de prise de conscience des recruteurs sur les biais cognitifs ? Sont-ils suffisamment armés pour les contrer ?
Les résultats de ce travail sont paradoxaux, puisque 61% des répondants affirment bien connaître les biais cognitifs, et même 58 % d’entre eux bien connaître leurs propres biais. Et pourtant, malgré cela, 63% des recruteurs et 77% des DRH font confiance à leur intuition pour recruter.
Par ailleurs, cette connaissance des biais cognitifs ressemble plutôt, quand on y regarde de plus près, à une méconnaissance : 52 % des DRH ou recruteurs qui indiquent très bien connaître les biais cognitifs, estiment qu’il n’en existent qu’une dizaine ayant une influence dans nos décisions en recrutement, alors que les études en recensent plus de 250 ! Et plus de 68% des répondants pensent avoir déjà discriminé un candidat de manière positive ou négative dans un processus de recrutement.
Dès lors, comment lutter contre ces biais ? L’étude propose quatre pistes :
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décomposer l’évaluation d’un candidat en plusieurs évaluations distinctes basées sur des critères précis,
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définir en amont un système d’évaluation clair,
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faire intervenir différentes personnes et collecter de manière indépendante leurs avis,
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différer au plus tard possible l’entrée en lice de l’intuition.
Pour Mélany Payoux, Phd en Psychologie cognitive, qui a piloté ce travail : “à travers cette étude, on a le sentiment que les répondants n’osent pas dire qu’ils sont sensibles au biais, n’osent pas l’avouer. Comme si montrer sa vulnérabilité face aux biais cognitifs pouvaient remettre en question l’objectivité de leur expertise et par conséquent les décrédibiliser dans leur fonction.
Pourtant les biais cognitifs relèvent du fonctionnement normal de l’être humain et cela est d’ailleurs vital car, sans, le cerveau serait en surchauffe. De mon point de vue, reconnaître que tout humain (et donc soi-même) est sensible aux biais cognitifs n’est pas un aveu de faiblesse mais montre au contraire toute l’humilité de l’individu. Remettre en question son intuition, challenger son process de recrutement pour objectiver ses prises de décisions sont des marqueurs qui révèlent qu’une personne a conscience de ses limites et de ses biais cognitifs. Être sensible aux biais cognitifs n’est pas une tare. Acceptons-les, ils peuvent nous aider. Mais challengons-les, pour qu’ils ne prennent pas le dessus. C’est en ouvrant la conversation sur le sujet que l’on peut faire progresser substantiellement la qualité des recrutements que l’on opère”.
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